Clermont-Ferrand, nouvelle capitale du rock français

Ce WE, sur les conseils de Nico (prénom courant dans la région), j’ai acheté le vinyle (d’ailleurs, si quelqu’un peut me prêter une platine) anniversaire de l’album The Velvet Underground and Nico, enregistré à la Coopé.

Aujourd’hui, voici un article paru dans le monde. Etonnant non ?

NB : ça doit être sympa d’être envoyé spécial à Clermont-Ferrand, non ?


CLERMONT-FERRAND ENVOYÉ SPÉCIAL

Alors que certains avancent l’existence de près de 800 groupes dans la région, une flopée de disques et de tournées témoignent qu’aujourd’hui, Clermont-Ferrand est bien devenue, après Paris, Rennes, Bordeaux et Nantes, l’une des capitales du rock français.

On pourrait voir dans cet avènement une tendance nationale. Celle d’une culture rock désenclavée par la grâce d’Internet. Si la quasi-totalité des groupes clermontois utilise des sites comme My Space, Facebook ou You Tube pour promouvoir leur actualité musicale, les nouvelles technologies n’auraient pas suffi à faire émerger et à fédérer une scène.

A Clermont, ce pôle fédérateur a pour nom la Coopérative de mai. Inaugurée le 7 mars 2000 par Les Rita Mitsouko, sise rue Serge-Gainsbourg à dix minutes du centre-ville et construite sur les vestiges de l’ancienne coopérative Michelin, cette salle de concerts labellisée scène de musiques actuelles (SMAC) s’est révélée en quelques années le promoteur le plus actif de la scène régionale.

Pour beaucoup, la « Coopé » a d’abord été un lieu initiatique. « Clermont avait une tradition rock avec, dans les années 1980, des groupes comme les Real Cool Killers, analyse Dr Vince, DJ des rappeurs pop de Shaolin, mais dans les années 2000, la Coopé a programmé les meilleurs groupes français et internationaux. Cela a permis de nous former. »

« En découvrant là plein d’artistes, nous avons élargi notre univers », rappelle Mark Daumail, chanteur-guitariste de Cocoon, duo vedette du folk local. « Beaucoup de musiciens se sont rencontrés lors de ces concerts », ajoute François, délicat auteur-compositeur de St Augustine.

La Coopérative de mai leur a ensuite servi de tremplin. Divisé en deux salles – de 450 et 1 500 places -, le lieu accueille et aide les musiciens à différentes étapes de leur carrière. « En tant que SMAC, précise Didier Veillault, le directeur de la Coopé, nous devons aussi accompagner les artistes dans leur développement en proposant des résidences, en aidant à leur promotion ou à l’organisation de tournées. »

« VITRINE CULTURELLE » Parmi les initiatives originales de la Coopérative de mai, un concert organisé le 9 octobre 2007 pour fêter le 40e anniversaire de la sortie du premier album du Velvet Underground. Pas moins de 25 formations locales étaient invitées à reprendre les morceaux du groupe de Lou Reed. En décembre 2007, un album live regroupant une douzaine de ces formations a été publié dans une belle édition vinyle.

Parmi les musiciens retenus pour ce projet, un ancien : Jean-Louis Murat. Artiste majeur de la chanson française, l’Auvergnat, ex-membre du groupe Clara à la fin des années 1970, est aussi un observateur privilégié de l’évolution du rock clermontois. « Cette nouvelle génération de musiciens, explique-t-il, correspond à un embourgeoisement de la ville. Les effectifs de Michelin ont été divisés par deux. Les cadres et les étudiants sont désormais beaucoup plus nombreux. Et la municipalité socialiste a fait de Clermont la vitrine culturelle de la région Auvergne. »

Les parents de trois des cinq musiciens des tonitruants Elderberries sont des Britanniques, cadres chez Michelin. Les membres de Quidam, au pop rock énergique, se sont rencontrés à la fac. Pour Mark Daumail de Cocoon, qui fit aussi partie des 35 000 étudiants de la ville, « Clermont et ses pierres grises ont une apparence triste, mais on s’y sent comme dans un cocon. Tous les musiciens se connaissent, se retrouvent le soir à la Coopé ou dans des bars comme le Bikini. »

Car d’autres lieux que la Coopérative de mai participent à la vie rock locale. Des bars comme le Bikini, L’Escapade ou le Rat Pack, un disquaire, Spliff, une boutique de vêtements, Ace of Spades, ouverte par un des membres du groupe les Suppositorz. Sans parler d’associations très actives comme Le Transfo ou Welcome Music.

Des musiciens mettent aussi la main à la pâte, comme le clavier Denis Clavaizolle, vieux complice de Jean-Louis Murat, qui possède un studio d’enregistrement et une société, Sophiane productions, qui a pris sous son aile des groupes comme les Elderberries ou Cocoon. De leur côté, des fondus du néofolk comme St Augustine, Derek Delano ou Leopold Skin ont créé le collectif Kütu Folk, qui organise des concerts et publie des disques aux pochettes cousues à la main.

Ces sensations régionales affichent leurs ambitions nationales, voire internationales, comme Cocoon, dont l’excellent premier album, My Friends All Died in a Plane Crash, sort dans une dizaine de pays. « Au début, nous avions du mal à faire venir les professionnels parisiens, remarque Didier Veillault. Aujourd’hui, les journalistes, les directeurs artistiques, les producteurs de concerts se déplacent de plus en plus nombreux à Clermont-Ferrand. » Stéphane Davet

Via Le Monde

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